dimanche 17 juin 2007

Musique, bidet, baignoire, poésie et rap

Ma lecture quotidienne d'un certain nombre de blogs, m'amène, aujourd'hui, à sortir un peu de la tanière qu'est le mien.
Hervé Resse d'abord, considère, qu'avec un certain nombre de collègues, admirateurs réguliers des performances de Julien Doré à la nouvelle star, nous aurions des oreilles non pas de lavabo mais de bidet. J'ai entendu comme lui la contre performance de Julien, le jour de la finale. J'ai pensé qu'effectivement, il bazardait les kinks, mais que ça n'était pas bien grave (c'est ki les kinks et puis leur tube était déjà une sorte de pastiche!!). J'ai pensé aussi qu'il faisait fausse route, à anticiper une éventuelle défaite, en reprenant le détestable tube de Claude François (c'est un pléonasme ?), "le mal aimé", dont personne ne peut rien tirer.
Mais j'ai conservé mon respect et mon admiration pour "ce grand chanteur quand il veut", ainsi que la quasi certitude d'acheter à nouveau français (de toute ma vie seulement : Ferré, Bashung, les Rita Mitsuko et les paroles de Brassens en bouquin il y a fort longtemps).
Si Resse ne trouve pas quelque chose, à la reprise géniale des "bêtises" ou à celle de "Lolita" alors c'est certain, c'est lui qui les portugaises ensablées.
Je recommande à Resse la page de mimi sur Julien Doré parce qu'il n'y a rien d'autre à dire sur "son julien" que ce qu'elle a, elle-même, ajouté, suite à la victoire...face à un Tigane complètement pas black pour moi, bloqué vocalement, dans un grave medium et monocorde à crever d'ennui (cf. le dernier duo sur du Steve Wonder ou on n'entend que Julien, qui fini par faire plus black... alors qu'il ne le fait pas du tout).
Je précise que si je n'achète pas beaucoup français, je n'achète pas très blanc non plus (Franck Zappa, JJ. Cale...) par contre en black j'ai tout.

Bon, on ne va pas faire la fin d'année sur de la chansonnette et sur cette histoire d'oreille (ou de zoreille comme on dit dans les îles quand on fait répéter le créole). Des goûts et des couleurs on discute ...et d'accord pour relativiser Julien... mais alors avec du Frank Zappa.

Du bidet ou du lavabo, à la baignoire, il n'y a qu'un pas, qu'il me semble interessant de franchir, pour rejoindre Sasa qui aborde des sujets pour une fois moins sanitaires, à l'occasion du centenaire de René Char, que j'ai célébré aussi, hier ou avant-hier.
En dépit d'un époux au goût très sûr, qu'elle me permette de noter chez elle comme chez certains de ses commentateurs, le travers qui consiste à voir dans la poesie une posture romantique...ainsi que celui qui consiste à écrire, gênée, "pouéme" au lieu de poéme, comme ces filles qui ont pris l'habitude de se faire plus dures et plus cyniques qu'elles ne sont...L'époux, au torse velu semble-t-il, n'a pas honte d'aimer René Char...
Je recommande à Sasa d'écouter Léo Ferré dire "les Assis" de Rimbaud, pur moment de poésie qui vaut le bateau ivre et qui n'a rien de romantique, ou puisque elle est à gauche (en fait plutôt à droite de mon extrême centre) de relire "le Forgeron" du même compatriote carolopolitain, génial coup de gueule historico révolutionnaire du plus grand poète de tous les temps.

Quand a son extrait de René Char, il n'est pas joli... mais simplement beau.

Mon livre de chevet quand j'avais 20 ans, c'était "Les matinaux" alors je sais bien ça (je sais peu de chose mais bien et fort): jamais joli le René, mais presque toujours véridique, par association de mots et d'idées, et beau et grand, et pas du tout surréaliste ou hermétique... puisque chez lui tout nous parle fort,directement à l'âme.
Car toute pensée se formule en mots bien sûr et chaque mot prononcé génère une pensée, ces mots dont chacun d'entre nous possède un lexique personnel, différent et même parfois peu compatible, c'est là toute la difficulté de l'écriture, qui, pour le plus fort de l'âme, nécessite poésie, c'est-à-dire manipulation des mots pour tenter d'objectiver des faits, sensations, sentiments ou impressions qui ne sont souvent exprimables (transmissibles) que par choix, discrimination et arrangement.

Car il faut arranger au sens mathématique du terme pour espérer (peut-être?) surmonter la déficience des mots par rapport au réel et à l'idée... et de manière à devancer et générer les associations d'idées et d'images du lecteur.
Le poete est ainsi direct, vrai et cru, il balance du steack haché comme l'agresseur de la rivale de DSK. Chirurgical, il incise la vie et la reformule, la transforme en artefact, en un objet d'échange et de vie, manifestement de fabrication humaine.
Qu'il se garde surtout du romantisme. Romantique, il est la plupart du temps mauvais et faux cul. Simple arrangeur.

Car certains trichent, d'où la pensée du jour, dédiée aux nombreux poètes et rappeurs que je n'aime pas (car la posture rap est la même que la posture poésie, exactement):
"Ils ne sont pas non plus assez propres pour moi : ils troublent toutes leurs eaux pour les faire paraître plus profondes"

Pour un rappeur véridique Abd al malik malgré sa foi et surtout pas les minus Diam's ou Monsieur R.

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