jeudi 12 avril 2007

Déterminisme, peine de mort...ma pierre à l'échafaud

Je vais encore heurter la pensée dominante, la gauche et même la droite bien pensante, extrême centre que je suis. Je me vois en effet contraint de décrypter mon vieux rap d'hier sur la peine de mort pour éviter tout malentendu.
J'explique :
Moi et mes semblables (si, si, il y en a), pensons que ce n'est pas interressant, en tout cas pas opérationnel au plan judiciaire, de savoir si le coupable "c'était un pauv'gars qui s'app'lait Armand, l'avait pas d'papa, l'avait pas d'maman!". Faisons-le mais juste pour l'anecdote.
Nous pensons qu'il est par contre déterminant, c'est le cas de le dire, d'établir avec une certitude absolue la culpabilité.
A partir de là, nous appliquons le tarif déterminé démocratiquement par le peuple. Une justice factuelle, non dénuée de remèdes en cas de rhume (redressement) mais définitive dans les cas extrêmes. Je cite :
Simple rhume et l'on mouche, ulcère il faut sans hargne,
Occire, chapeau bas, le gibier de potence...

Pourtant nous reconnaissons l'innocence de tous, le déterminisme absolu de l'acte ou du non acte, le déterminisme de tous les balancements précédant le choix.
Dont l'innocence, hélas, est sûre et reconnue,
Dans les fluctuations où se fait l'ordonnance
De la cause aux effets, où toujours recommence,
Tautologie niée, évidence inconnue,
Le choix fatal du moi, serviteur à genoux
Du soi... que l'on comprend...

Nous affirmons solennellement une énorme tautologie, à savoir qu'à gènes identiques et vie antérieure identique jusque dans les millièmes de secondes qui précèdent le crime, celui-ci était inévitable. Autrement dit : si Armand renaît Armand et vit la même vie il "choisit" la même solution. Quoi de plus trivial ? Quelqu'un n'est pas d'accord ? Ce serait très étonnant quand même !

Donc irresponsable le Armand; ce qui ne nous empêche pas (chapeau bas), parce que c'est "Nous" qui décidons (le collectif, le social cf. "le moi qui est moins que nous") de devoir nous en séparer, sans haine, dans un froid réalisme qui consiste à être certains des faits, puis à faire en sorte de ne pas prendre le risque d'une récidive, à éviter des frais d'emprisonnement de luxe dont nous ne voulons pas dégager le financement, à respecter la famille des victimes en ne rendant pas Armand aux plaisirs de la vie et accessoirement à créer ainsi, pour les candidats au mauvais choix, dans leurs balancements de la dernière seconde, un stimuli informatif sur les risques du métier de tueur.

Voilà c'était également et, au passage, une occasion de recadrer le débat actuel sur le vrai, le seul déterminisme, celui, pourtant incontournable, qui englobe l'inné et l'acquis, que même des cerveaux pourtant sacrément vicieux comme Sartre et son existentialisme de bazar, n'ont pas compris ou voulu voir.
C'était donc plutôt du Camus mâtiné de Saint-Just.
C'est d'ailleurs à la lecture de "l'étranger" de Camus, lorsque j'étais encore ado, que m'est venue, cette idée en forme de lapalissade (si tout recommence... on recommence!) mais cette idée terriblement féconde, de déterminisme ... par l'acquis aussi... idée qui ne m'a plus quitté depuis, malgré les pesanteurs et gratifications de toute nature qu'offre la société, pour penser autrement... et donc penser plus joli surtout en période éléctorale (cf. les jolies imbécilités de tous bords sur le déterminisme suite à la bourde de Sarkozy).

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